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Guillermo Morphy, Concert note.

1869

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Document Date Century City Province
Guillermo Morphy, Concert note. 1869 19cent France
Summary


Document type Subject Siglum Archive name Call no.
archival document Vihuelas Persons
Original text

CONCERT DONNÉ PAR M. G. MORPHY A LA SALLE HERZ, LE 29 JUIN 1869.

Combien sont-ils, les érudits qui connaissent l'histoire musicale de l'Espagne? Ce n’est pourtant pas que les musiciens aient manqué à cette terre poétique et chevaleresque, qui fut un temps le refuge de tous les arts. qui fit éclore à son soleil plusieurs générations de grands hommes, princes de la pensée, pontifes de l'inspiration. qui eut enfin son siècle de belle et bonne gloire littéraire et artistique. Dans les quinze cents et quelques noms que M. Baltasar Saldoni a réunis dans ses Efémerides de Musicos españoles, il y a évidemment ceux d'un bon nombre d'hommes de talent, de génie même: et l'Espagne, n'eût-elle à revendiquer que le célèbre collége ou Escolania des moines bénédictins do Montserrat en Catalogne, d'où sont sortis depuis le quinzième siècle tant de maitres d'un immense mérite. qu'elle aurait encore le droit d’êtee fière. Mais, en dehors de l'Espagne. qui a songé sérieusement à secouer la poussière où dorment depuis des siècles tant d'ouvrages remarquables où curieux, incunables précieux. manuscrits vénérables. - musique d'église en quantité immense. dispersée un pou partout dans les bibliothèques et établissements religieux de la Péninsule, villancicos ou noëls. romances, seguidillas, gallegadas, tiranas, madrigales, pavanas, fantasias. etc,? On peut citer. en Espagne même, les Efemerides et la Reseña histórica del Colegio de Montserrat, par Saldoni, la collection de la Lira Sacro-Hispana de Hilarion Eslava, la Historia de la musica española de Mariano Soriano Fuertes, quelques articles de Bofarull et d'autres publicistes, le Dictionnaire biographique que public en ce moment le journal la España musical, et c'est bien près d'être tout.
Mais voici qu'on nous promet de soulever, pour les lecteurs français, non pas un coin du voile, mais le voile tout entier : M. G. Morphy. chambellan du prince des Asturies, compositeur et bibliophile distingué, annonce une publication destinée à combler la lacune que nous signalons ; elle portera le titre de Annales de l’Histoire musicale en Espagne. M Gevaert y mettra la main : nous en prenons bonne note. Et comme préface à son travail, M. Morphy a donné mardi dernier aux amateurs d'antiquités le fin régal d'un concert historique exclusivement espagnol, auquel il a ajouté, pour les profanes, une audition de ses œuvres à lui ; nous dirons tout à l'heure comme quoi les profanes ont presque eu raison des initiés.
La musique instrumentale en Espagne se bornait à peu près, au seizième siècle, à celle qu'on écrivait pour la vihuela, ou vigüela, sorte de luth ou de mandore à six cordes, fort en honneur alors, et dont quelques provinces, la Biscaye notamment, ont retenu l'usage jusqu'à nos jours: « Instrumento, dit Miguel de Fuenllana, mas perfecto que todos. » Aucun musicographe français ne semble le connaitre. La notation employée à celle époque pour les instruments à cordes pincées et à sons simultanés s'appelait tablature ; curieuse notation, qui se bornait à indiquer la place des doigts sur les cordes de l'instrument. en ajoutant quelques signes conventionnels et variables pour la mesure et le rhythme! La traduction des pièces de luth ou de vihuela n'offre d'ailleurs pas de grandes difficultés. M. Morphy en a transcrit plusieurs en langage musical moderne : le choix qu'il a fait est tout à l'honneur de son goût d'artiste. Ce sont de ravissants morceaux, pleins de fraîcheur, de grâce véritable, et de cette douce mélancolie inhérente à la musique espagnole : deux villancicos ou noëls, qui, comme tous ceux de ce temps, seraient mieux nommés madrigaux, Al amor quiero vencer, de Luys Milan, et Duelete de mi, señora, de Juan Vazquez ; trois pièces pour la vihuela, et un romance viejo ou vieille chanson, Durandarte, de Luys Milan. Les compositions de ce dernier, gentilhomme de Valence, sont extraites de son ouvrage intltulé : El maestro, ó musica de vihuela de mano, publié en 1537 (et qui n'est point, comme l'a dit M. Fétis, un Traité de la viole); celle de Juan Vazquez, maitre de chapelle de la cathédrale de Burgos, est empruntée à l'Orphenica Lyra, libro de música para vihuela (Séville, 1554), de Miguel de Fueullana, intéressante collection où l'on trouve, transcrites pour l'instrument national ou écrites spécialement pour lui, des compositions de Josquin des Prés et d'Arcadelt, il côté de celles des maitres espagnols. Guerrero, Morales, Fuenllana, Vasquez et autres. On est surpris de l'allure libre, du tour mélodique naturel, de l'harmonie franche et agréable de cette musique, si on songe qu'elle date de l'époque de Goudimel, de Clément Jannequin, du Flamand Adrien Willaert, surnommé par tes Vénitiens il Divino, et qui fut le maitre de Palestrina. Pour lui conserver autant que possible son caractère, et à défaut de vihuela ou plutôt d'un tañedor assez habile. M. Morphy a eu recours au clavecin ; un riche amateur a prêté un très-bel instrument du célèbre Andreas Ruckers, merveille de facture. d'èbénisterie et de peinture, dont M. Albert Lavignac, notre jeune et habile pianiste, a tiré tout le parti possible, — et auprès duquel Henri Herz avait placé, comme pendant. son magnifique piano à queue de l'Exposition de 1867, autant sans doute en l'honneur de ses nobles hôtes, la reine d'Espagne, sa famille et sa cour, que pour faire aussi de l'histoire à sa façon.
Quelques mots maintenant des compositions de M. Morphy. Le chambellan du prince des Asturies est plus qu'un amateur, croyez-le bien ; sa Sonate pour piano et violon et sa Sérénade accusent un véritable tempérament d'artiste, et qui, dans ce dernier et charmant morceau surtout, se montre tout à fait personnel. La sonate, fort bien faite, conduite avec beaucoup d'art, procède de Mozart et de la première manière de Beethoven ; le premier allegro et le scherzo nous ont particulièrement intéressé, La Mélodie espagnole est très-caractéristique, noble et simple, avec une teinte de tristesse qui n'est pas sans attrait, et que revétent même les vocalises. Les Airs espagnols en forme de sonatine nous ont paru plus faibles, ainsi que la Mélodie italienne. Mais ce sont là des œuvres sans importance ; le public, au milieu duquel nous avons vu beaucoup d'artistes, a distribué fort intelligemment ses bravos, tant ail compositeur qu'à ses interprètes, MM. Lavignac (piano et clavecin), Sighicelli (violon), Pagans, Coujas et Oliveres (chant). Le succès de M. Morphy a balancé celui des vieux maestri qu'il a remis en honneur ; à ce point que sa Sérénade, chantée par Coujas. accompagnée par lui au piano et par M. Lavignac au clavecin, a dû être dite trois fois, et encore ces messieurs se faisaient prier.
Voilà comme les profanes ont pu avoir raison des initiés, — si tant est que ceux-ci n'aient pas fait cause commune avec eux.

Charles Bannelier

Partial translation to Spanish by Pepe Rey (reyp2009mo

La música instrumental en España en el siglo XVI se reducía, más o menos, a la que se escribía para la vihuela o vigüela, especie de laúd o mandora de seis cuerdas, de mucho prestigio entonces, y de la que algunas provincias, sobre todo Vizcaya (=el País Vasco), han conservado el uso hasta nuestros días: "Instrumento, dice Miguel de Fuenllana, más perfecto que todos." Ningún musicógrafo francés parece conocerlo. La notación empleada en esta época para los instrumentos de cuerdas punteadas y sonidos simultáneos se llamaba tablatura; ¡curiosa notación, que se limitaba a indicar el lugar de los dedos sobre las cuerdas del instrumento, añadiendo algunos signos convencionales y variables para la medida y el ritmo! La traducción de las piezas de laúd o de vihuela no ofrece por lo demás grandes dificultades. El Sr. Morphy ha transcrito muchas al lenguaje moderno: la elección que ha hecho es una buena prueba de su gusto de artista. Son obras encantadoras, llenas de frescura, de verdadera gracia y de esa dulce melancolía inherente a la música española: dos villancicos o "noéls", que, como todos los de aquel tiempo, estaría mejor llamar madrigales, Al amor quiero vencer, de Luys Milán, y Duélete de mí, señora, de Juan Vázquez; tres piezas para la vihuela y un romance viejo o vieja canción, Durandarte, de Luys Milán. Las composiciones de este último, gentilhombre de Valencia, están extraídas de su obra titulada: El maestro, o música de vihuela de mano, publicada en 1537 (y que no es, como ha dicho el Sr. Fétis, un Tratado de viola); la de Juan Vázquez, maestro de capilla de la catedral de Burgos, está incluida en la Orphenica Lyra, libro de música para vihuela (Sevilla, 1554), de Miguel de Fuenllana, interesante colección en la que se encuentran, transcritas para el instrumento nacional o escritas especialmente para él, composiciones de Josquin des Prés y de Arcadelt, al lado de las de los maestros españoles Guerrero, Morales, Fuenllana, Vásquez y otros. Sorprende el discurrir libre, el giro melódico natural, la armonía directa y agradable de esta música, si se considera que data de la época de Goudimel, de Clément Jannequin, del flamenco Adrian Willaert, llamado por los venecianos il Divino, y que fue el maestro de Palestrina. Para conservar todo lo posible su carácter, ya falta de vihuela o, más bien, de un tañedor suficientemente hábil, el Sr. Morphy ha recurrido al clave; un rico aficionado ha prestado un bellísimo instrumento del célebre Andreas Ruckers, maravilla de factura, de ebanisteria y de pintura, del cual el Sr. Albert Lavignac, nuestro joven y hábil pianista, ha sacado todo el partido posible ...

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Name Status when cited Social status
Morphy, Guillermo Living Nobility
Notes